Le mardi 6 décembre, j'ai eu le plaisir d'être invitée par l'AILF, l'Association Internationale des Libraires Francophones pour intervenir lors d'un séminaire de deux jours réservé aux librairies adhérentes, dont la plupart étaient localisées au Bénin, Aux Comores, en Guinée et à Madagascar.
La rencontre a eu lieu à Paris au CNL, le Centre National du Livre, lors du séjour parisien des libraires, venus en parti pour le Salon du livre et de la presse jeunesse qui se tient à Montreuil tous les ans, et qui constitue un rendez-vous incontournable des acteurs et des actrices du monde du livre jeunesse.
Héroïnes et grandes figures féminines dans la littérature jeunesse 9-12 ans
Mon intervention s'est inscrite dans le cadre d'une demi-matinée de séminaire autour des Héroïnes et des grandes figures féminines dans la littérature jeunesse 9-12 ans, sujet illustré avec divers intervenants, dont :
- Alice Dussutour, autrice et illustratrice jeunesse engagée sur la représentation des femmes (Femmes artistes, Femmes libres de la mythologie grecque, Femmes militantes, Naître fille)
- Joëlle Epée Mendengue, organisatrice du Bilili festival de Brazzaville
- Hélène Wadowski, qui a été directrice jeunesse des éditions du Père Castor Chez Flammarion Jeunesse.
Témoigner des engagements de Les livres qui sèment
Durant mon temps de parole, j'ai pu témoigner des divers engagements de la librairie Les livres qui sèment sur la diversité, l'égalité et de l'écologie, et de la place donnée aux héroïnes de manière générale dans ma sélection de titres.
Ce fut l'occasion :
- D'exprimer mon ressenti en tant que parent de deux filles face à des stéréotypes présents dans la littérature jeunesse et le constat d'une sous-représentation des personnages féminins de manière général.
- De partager quelques chiffres sur la représentation des genres dans la littérature jeunesse et de questionner certains biais que nous avons dans le choix de nos livres.
En effet, dans la littérature jeunesse nous retrouvons :
- - 60% des personnages masculins*
- - 2 fois plus de héros que de héroïnes (personnage principal)*
- - 10 fois plus d'animaux anthropomorphisés* mâles que femelles. L'anthropomorphisme est la tendance à attribuer aux animaux et aux choses des réactions humaines.
- - Le biais d'androcentrisme qui expliquerait que la plupart considèrent qu'un héros garçon peut à l'ensemble des enfants, alors qu'une héroïne ne pourrait convenir qu'à un public masculin. L'androcentrisme est un mode de pensée conscient ou non, qui considère le monde uniquement du point de vue masculin.
- D'amener une réflexion sur la représentation du féminin : des stéréotypes d'une part, mais aussi de certaines dévalorisations des attributs féminins au dépend des attributs masculins d'autre part (par exemple : une héroïne "garçon manqué" ou qui se construit dans le rejet des attributs féminins).
- De se féliciter de l'essor des figures féminines dans la littérature jeunesse et de présenter quelques albums pépites avec des personnages non stéréotypés dans des fictions comme la collection Carl et Elsa ou Gaïa changera le monde, des représentations des femmes issues des minorités comme dans Musulmanes du Monde ou dans Les Puissantes, mais aussi des sujets scientifiques mettant en scène des filles comme Grandir ou Nano.
Cette session s'est suivie d'un temps d'échange avec les libraires sur ces thématiques et ce fut pour moi un véritable plaisir de les rencontrer et d'écouter leur partage d'expérience.
Je tiens à remercier l'AILF pour son invitation et la confiance qu'elle m'a accordée.
* Source : Le sexisme des albums jeunesse à l'école primaire toujours d'actualité ? - Elsa Le Saux-Pénault, Cendrine Marro, 2018